En 2000 Skor et Stopé, deux amis de 13 ans, voient fleurir les tags de Skeoz sur Carpentras. C'est à partir de là que l'histoire commence; désir de se faire connaitre comme motivation principale mais aussi plaisir de voir ses pièces plus tard, la machine était en route, direction Marseille au shop Panamars. Comme beaucoup d'entre nous, Skor arrive dans le graffiti par le tag, qu'il fait à l'époque en plein jour au posca. N'ayant pas réellement conscience du "milieu" lui et son pote signent les murs avec leur "propre sauce", sans aucune influence.
Un jour ils achètent un graff-it, le numéro 2, et c'est alors le point de départ de ce qui est pour beaucoup une obsession: la recherche du style. Copie, inspiration, chacun y mettra le nom qu'il veut, toujours est-il que Skor se cherche et ne cesse pas de peindre... en plein jour. L'inévitable arrive, une après-midi sur la double voie Carpentras-Avignon, la police débarque et il finit au tribunal Avignonais. Pour une première fois, un simple rappel à la loi marque la fin de l'aventure judiciaire, plus de peur que de mal.
A la même période, Skor et Stopé cherchent à créer un crew, ils fondent le CKC crew. CKC c'est avant tout pour le jeu de mot, mais précisons qu'il n'y à aucun lien avec le Cruel Killers Crew parisien des années 80.
2001, premier scooter, les alentours de Carpette y passent, Pernes, St Dider, et bien d'autres...
Stopé présente un de ses amis à Skor, Sinsé, graffeur plus expérimenté qui les accompagne alors dans le CKC. Dès lors le crew tourne tranquillement jusqu'a leurs 16 ans, mais Skor se dispute avec Stopé et arrête de fréquenter Sinsé, il se retrouve alors seul et abandonne les sorties noctures au profit d'une intense periode de sketches, ce qui lui permit de bien faire évoluer son style, et de pousser encore plus loin ses lettres.
C'est en rentrant au Lycée sur Avignon qu'il rencontre Randal et Pakt (GS). Pendant un an il passe son temps à sketcher avec Sort, Pekol et Pakt, largement tiré vers le haut par leur style.
Un jour alors qu'il à perdu totalement contact avec Stopé et Sinsé depuis presque un an, il voit écrit sur sa poubelle, "CKC recherche Skor pour entretient, 06...". Intrigué, il appelle et se voit convié à un rendez-vous nocture à la Castellas... Sinsé débarque, lui propose de revenir dans son crew d'origine. C'est le "come back" du CKC, Stopé avait arrété le graff, Sinsé était devenu Sobre, Sphire et Skelton avaient intégré le crew.
A partir de là, l'histoire continue, avec ses sessions, ses frayeurs et tout ce qui va avec, mais nous allons faire une ellipse de quelques années et reprendre l'histoire en ce moment même, Skor ayant accepté de se préter à une petite interview, quelques précisions...
Chalon sur saône
| Copilke: J'ai remarqué que tu posais assez peu ton blase, mais surtout ton crew, pouquoi ? Skor: Oui, c'est vrai, et c'est un réel problème... Je préfère mettre en avant mon crew, les gens savent très bien qui il y a dans l'équipe, en plus un blase de quatre lettres, c'est assez long à faire et cher en sprays, étant donné que je vole pas mes bombes comme la plupart des graffeurs. Pour faire une pièce de quatre lettres en vandal tu dois te baisser toutes les trente secondes selon l'endroit, c'est la galère, trois lettres ça passe mieux et au final on s'applique plus. |
C: Que représente la peinture pour toi, dans ta vie de tous les jours, et dans quel état d'esprit peints-tu ?
S: Pour moi c'est avant tout un loisir que je pratique de temps en temps. C'est fatiguant de sortir tous les soirs, de courir, sauter, j'ai fait ça un temps, mais maintenant je n'ai plus droit à l'erreur vis-à-vis de la justice. C'est plus l'état d'esprit de Sobre d'aller peindre constamment. Sinon, pour mon état d'esprit... C'est principalement un plaisir personnel, mais aussi pour représenter mon crew, ça fait plaisir tous les jours en roulant de voir des pièces que tu as faites. Sur la route que j'emprunte le plus souvent il y a huit ou dix pièces CKC ! | Marseille
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C: Quelles sont tes ambiances préférées pour peindre ? (barbecue, entrepôt, friche...)
S: A la base c'est la rue et les toits, mais avec tous mes soucis je ne peux plus trop me le permettre. Donc avec Sobre on passe des journées à chercher des maisons abandonnées, des entrepôts, des endroits un peu mystique... et là on peut se lâcher, prendre notre temps pour faire des belles pièces. La photo est importante aussi, on a le temps de bien travailler la composition, le cadrage, etc... C: Et tes inspirations, autant musicales que picturales ?
S: Au départ j'ai été beaucoup inspiré par les GS surtout Pakte à qui je passe le bonjour ;), mais plus maintenant car j'ai trouvé mon propre style. Sinon Alfe y est pour beaucoup, je respecte énormément ses pièces et son niveau. Pour ce qui est musique, tout ce qui est oldschool, Stomy Bugsy, Ntm, Iam, La Clinique, TTC, Charly Greane et surtout Assassin ! De ce qui est pictural, j'aime ce que fait Dize des VMD, sinon Woshe pour son wild style. |
Seconde photo: Prague
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C: Quelles sont les étapes de la création d'une pièce ?
S: C'est surtout au feeling, je n'ai pas de sketche, avec l'habitude je connais mes traits par cœur, je n'ai plus besoin de modèle. Sinon je ne suis pas du tout organisé pour peindre, je fais en premier mes contours, puis je remplit ma première lettre, j'arrête je vais faire une autre lettre, je reviens... Enfin c'est le gros bordel, c'est ce manque d'organisation qui m'empêche de faire des chromes et de poser mon blase Skor, tu débordes avec le chrome tu peux pas repasser en noir, il faut attendre que ça sèche enfin bon, j'aime avoir une pièce bien propre, c'est important. Je suis largement meilleur sur feuille que sur mur. Sobre quand à lui c'est l'inverse, c'est super calé, bien dans l'ordre, effets et outlines en dernier. Il a un style très perso, avec des tonnes d'effets dans tous les sens. |
C: Et sinon tu voyages pour le graffiti ?
S: Sobre lui voyage beaucoup, il bosse l'hiver pour partir faire le tour de l'Europe en camion l'été, Égypte, Allemagne, République Tchèque, Espagne... D'ailleurs mardi prochain on part en Italie deux semaines pour peindre. C: Donc vous ne visez pas la région ni le pays, vous voyez plus à l'échelle européenne en fait ? S: Oui, échelle européenne, voire mondiale hein ! C: Que penses-tu de la scène Avignonaise, régionale ? S: Le niveau est bon, mais la mentalité est à chier chez certains, on ne va pas préciser hein, ils se reconnaîtrons... C'est dommage, il y a cinq ans le niveau était au top, mais maintenant il y a beaucoup de mauvais trucs, le niveau se dégrade de plus en plus, c'est plus la même qualité... |
C: Une petite anecdote pour finir ?
S: Une fois il y avait eu une perquisition chez moi pour une autre histoire, les flics avaient vu des bombes et avaient capté que je peignais, mais ils n'étaient pas venus pour ça, ils s'en foutaient. Je passe la nuit dans une cellule et le lendemain j'arrive dans le bureau d'un mec, il me dit qu'ils ont vu que je graffais, et me demandent si je peux identifier quelques graffeurs... J'accepte, avec dans l'idée de ne balancer personne, juste de voir qui était recherché. Il me montre un énorme dossier, il l'ouvre... C'était rempli de CKC, et de nos tags ! Grosse frayeur, j'ai sagement refermé le dossier, "désolé je ne connais pas" !
S: Une fois il y avait eu une perquisition chez moi pour une autre histoire, les flics avaient vu des bombes et avaient capté que je peignais, mais ils n'étaient pas venus pour ça, ils s'en foutaient. Je passe la nuit dans une cellule et le lendemain j'arrive dans le bureau d'un mec, il me dit qu'ils ont vu que je graffais, et me demandent si je peux identifier quelques graffeurs... J'accepte, avec dans l'idée de ne balancer personne, juste de voir qui était recherché. Il me montre un énorme dossier, il l'ouvre... C'était rempli de CKC, et de nos tags ! Grosse frayeur, j'ai sagement refermé le dossier, "désolé je ne connais pas" !